Femme au sexe de pain, où se pétrit le genre humain...

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Ridicule et pourtant, bien souvent fascinante,
La boule que renverse un geste de la main,
Se moque des saisons et fait avec entrain,
Retomber ses flocons sur l’image innocente.

Son tourbillon naïf face aux heures présentes,
Nous parle d’autrefois, revient comme un refrain,
Raconter de l’enfance un moment clandestin,
Pour goûter à nouveau des surprises charmantes.

Cette chose inutile au charme désuet,
Sans la moindre valeur, n’est qu’un simple jouet,
Qui capte le regard et l’emmène en voyage.

S’invitent les cristaux d’un blanc manège offert,
Enchanté par l’éclat d’un fragile mirage,
L’espace d’un instant, pour saluer l’hiver.

INSTANT (VERS RHOPALIQUES)

Toi,
Ta peau
Contre moi
Enveloppante,
Et cette lourdeur
De ton bras sur mon sein,
Captif de l’évanescence
D’un rite indomptable et sauvage,
Qui s’efface pour renaître encor
Prisonnier de chaque appel ancestral,
Cognant le désir aux portes du destin,
Quand un besoin charnel croit posséder le temps.
Face à l’incertitude des lendemains,
Le hasard trop souvent désespérant
Veut inventer d’autres paysages,
Des mots qui disent l’infini
Sur le souffle de ta bouche.
Ébloui de tendresse
Se rythme l’instant
Ivre d’amour,
Qui sourit
Et rêve
Seul.

FRANCE

Découvrir, peu à peu, ton visage ma France,
Tellement différent qu’il brouille le miroir,
Efface du passé les rêves sans espoir,
Cherchant une raison pour contrer le silence!

Ton sourire se lasse, et ta jupe qui danse,
Le long de tes sentiers où s’abîme le soir,
Pleurant d’avoir perdu l’essence du savoir,
N’ose plus tournoyer, ni chanter ta romance!

Un ennemi rampant obscurcit ton parcours,
Menace ton drapeau, réfute tes amours,
Et les mots précieux de ta langue si belle!

Chasse l’intolérable épris de ton malheur,
Baptise tes saisons d’accents, de ritournelles,
Pour que, face au futur, s’affirme ta grandeur!

MONSIEUR LE PROFESSEUR

Vous fûtes bien seul
Lors de ces jours maudits
N’offrant qu’un linceul
À votre tragédie!

Vous qui vouliez
Monsieur le professeur
Partager le savoir
Les rêves de bonheur
Raviver l’espoir
Éveiller les consciences
Comment vous oublier
Dans votre long silence!

Face au danger
Qui suce le sang
De toute liberté
Face à la barbarie
L’horreur de ses drames
Votre ultime combat
Révéla l’infamie
Dénonça l’incurie
D’inutiles débats!

Chère laïcité
Si tu recules
Si tu t’émascules
Si tu trembles de peur
Si se mutile ta parole
Alors l’humanité
Perdra son âme
Et Samuel PATY
L’essentiel de sa vie!

Ses longs cheveux apprivoisent le vent,
Cachent ses lèvres tremblantes,
L’immensité d’un regard
Qui dénonce
La mortelle barbarie.

Elle s’appelle LIBERTÉ!

À son sein dénudé
Palpite une lumière,
Et son ventre fécond
Promet des lendemains
Qui sauveront le monde.

Elle s’appelle LAÏCITÉ!

Ses longs cheveux caressent le béton
Où gît une espérance,
Le droit de penser, de savoir,
De choisir,
Et d’aimer la vie.

Elle s’appelle SAMUEL PATY!

La montagne vosgienne
Cache sous les sapins
La digitale pourpre
Et le lys martagon.

Si belle est sa forêt
Riche de promesses
Et d’un goût de myrtilles
Fardé de violet.

Si douce est la présence
Des fragiles beautés
D’un sentier où s’invite
L’éclat de l’églantier.

Puis soudain s’élance
Une flamme de pierre
Creusée d’un seul corps
Apostrophant le ciel.

Puis soudain s’étale
Une trouée sans arbres
Qui terrasse l’espoir
Du haut d’un mirador.

Puis soudain défile
Le vertige des marches
Où s’épuisent les pas
De la mort immobile.

Puis soudain s’amplifient
Ces cris restés muets
Qui s’accrochent sanglants
Au fer des barbelés.

Puis soudain s’allonge
L’ombre de la potence
Comme pour éclipser
L’effroi d’un four béant.

Puis soudain sur l’instant
S’abîment des fumées
Qui supplient la mémoire
De n’oublier jamais.

Le temps est à la pluie
Lourd de trop de silence
Que dérobe un regard
Au bleu des myosotis.

Quelque part, au lointain, chante l’engoulevent.
Son trille soutenu sait briser le silence,
Saluer de concert les caprices du vent,
Comme un signe posé sur l’écho de l’absence,
Naufrageant de mon cœur, la peine, bien souvent,
Qui le laisse endeuillé d’une ultime espérance.

Des raisons d’exister, de gérer l’espérance,
De saisir cet instant qu’offre l’engoulevent,
Me font me souvenir de ce temps que souvent,
Ma douleur vient sceller aux rigueurs du silence,
Quand rien ne peut combler ce vide de l’absence,
Qu’emportent vers ailleurs les rafales du vent.

Je regarde le ciel à l’heure où le grand vent,
Bouscule l’horizon, recherche l’espérance,
Se moque des saisons, du piège de l’absence,
Dans le soir violet que seul l’engoulevent,
Voulant dans un appel transcender le silence,
Décore d’une étoile éternelle souvent.

Un souhait défendu qui s’évade souvent,
Pour s’aller ressourcer sur les ailes du vent,
Conforte mon chagrin sur l’effroi du silence,
Que le destin jaloux défiant l’espérance,
Désire apprivoiser d’un vol d’engoulevent,
Alors que se durcit le pouvoir de l’absence.

Comment se consoler d’une aussi longue absence,
Retrouver ce parfum qui s’éloigne souvent,
Ce rêve qui frémit guettant l’engoulevent,
Les matins radieux que raconte le vent,
Pour que renaisse enfin le cri de l’espérance,
Capable d’effacer l’emprise du silence.

Répéter tous ces mots qui cognent le silence,
Refusent d’oublier, sacralisent l’absence,
Pour que vive à jamais un reste d’espérance,
Croire entendre une voix me rassurer souvent.
Tandis que fatigué, se disperse le vent,
À ma plainte en exil répond l’engoulevent.

L’engoulevent se tait, s’attarde le silence,
Le vent s’essouffle face aux regrets de l’absence,
Qui souvent s’amplifient, sans la moindre espérance.

C’est si tendre une gorge
Où palpite la vie
Et le besoin d’aimer
Les beautés de l’automne!

C’est si tendre une gorge
Qui chante les lendemains
Parlant de liberté
Et du droit d’exister!

C’est si tendre une gorge
Si facile à trancher
Pour l’empêcher d’hurler
Sa dernière seconde!

C’est si tendre un homme
Qu’un barbare a tué!

Mais survit sa pensée
L’éclat de son regard
Même si ce soir
Il fait bien trop noir!

BAIROLS s’arc-boute
Sur un dernier virage
Comme pour implorer
La clémence du ciel.
Dégradé de gris
Qu’emprisonnent
Les accents d’une pierre
Où naufrage du bleu.
Intrépides ruelles
Glissant sur les marches du temps.
Maisons qui se nichent
Attendries
Sur l’impatience des vieux murs.
Vestiges d’un passé
En habits du dimanche
Suspendu
Jusqu’au bord du vertige
Où se perd un nuage.
Village enraciné
Dans un rêve profond
Parmi les ombres
Accrochant au silence
Le bruit des pas.

J’enrage de savoir que dans certains endroits,
Deux êtres qui s’aiment en parfaite innocence,
Puissent se voir bannis, privés de tous leurs droits,
Devenir victimes d’abjecte violence.

Des pays barbares les condamnent à mort,
Punissant la façon de s’aimer autrement.
Même des familles rejettent sans remords,
L’enfant meurtri que ronge un terrible tourment.

Le venin des propos, le crachat des injures,
Les coups accompagnant le mépris sans raison,
Comment les éviter, faire bonne figure,
Et chercher l’arc-en-ciel par delà l’horizon.

Ce regard de l’autre souvent accusateur,
Il faut qu’il disparaisse, car c’est lui l’indécence,
Avide d’étouffer les battements d’un cœur,
Qui ne peut, sans amour, avoir la moindre chance!